Je suis une femme de 38 ans, et la mère d’un petit garçon de 5 ans. Je l’aime et souhaite l’élever mais pour cela je dois me battre, car nous avons jusqu’à présent été empêchés de nous connaître et de vivre ensemble, sous prétexte qu’il aurait été conçu dans le cadre d’une GPA. Pourtant je suis et ai toujours voulu être, la mère de mon enfant : c’est pourquoi je me bats pour que nous soyons réunis.
Il y a quelques années, je souhaitais devenir maman mais pensais ne pas avoir les conditions nécessaires pour élever un enfant. Militante LGBTIQ+, je voulais aussi aider un couple gay à fonder une famille. J’ai ainsi passé un accord avec un couple d’hommes avec qui je concevrais et porterais un enfant, et que ce serait eux qui en auraient la garde et l’éleveraient. Il était prévu que je sois reconnue et respectée en tant que mère de l’enfant, pourrais passer du temps avec lui, l’intégrer dans ma vie et au sein de ma propre famille. L’accord fondamental était donc qu’il n’y aurait pas rupture du lien entre l’enfant et sa mère.
J’ai reconnu mon fils à l’état civil, et n’ai pas souhaité être rémunérée par le couple. Au contraire, je leur ai reversé les prestations familiales que j’ai perçues. Ils l’ont pris dès la sortie de la maternité et j’ai vécu un post-partum à vide, sans bébé, respectant ainsi ma part de l’engagement. Mais ils m’ont très vite mise à distance, et peu à peu privée de nouvelles, de photos et même de la possibilité de lui rendre visite. Les rares fois que j’ai pu le voir, c’était toujours en leur présence et ils m’interdisaient même de le prendre dans mes bras. Aux professionnels de la petite enfance, ils parlaient de moi comme d’une « génitrice », une « tierce personne » qui ne « veut pas entendre parler » de l’enfant. Ma démarche avait été d’aider un couple d’hommes à devenir parents tout en devenant moi-même mère : mais en retour, ils m’ont manipulée et ont fait de moi une simple machine reproductrice qu’on jette après usage ! En me faisant disparaître de la vie de mon fils, ils lui ont menti, le privant de mère et de famille maternelle.
Il y a quelques mois, le père de mon fils est décédé des suites d’une maladie : j’ai alors proposé au conjoint du défunt un accord amiable pour que l’on fasse une garde partagée et qu’on élève ensemble notre enfant. Il a fait mine d’accepter et je me suis alors organisée pour accueillir mon fils (louer un plus grand appartement, l’inscrire à l’école, lui prévoir un suivi psychologique...). En réalité, cet homme avait menti pour gagner du temps et intenter des actions en justice contre moi. L’argument majeur pour me déchoir de mon statut de mère était que j’avais procédé à une GPA altruiste. Cela a fait mouche, même si la GPA est interdite en France ! Procureur, juge des enfants, juge aux affaires familiales : dans leurs verdicts, les magistrats m’ont qualifiée de « génitrice » et de « mère porteuse », pour priver l’enfant de son seul parent encore en vie. On m’a supprimé la garde de mon fils, mon autorité parentale et même le droit de visite et d’hébergement. J’ai eu beau fournir toutes les preuves de mes démarches pour voir mon fils, être présente dans sa vie, participer à sa santé et son développement, rien n’y a fait. Cela se passe à Nîmes.
C’est seulement fin juin, lors d’un procès en appel, qu’une partie des droits parentaux m’a été restituée, dans un jugement qui rappelle l’intérêt de l’enfant à entretenir une relation avec sa mère. Mais je continue à ne pas avoir la garde, à ne pas pouvoir exercer complètement mes droits parentaux, et à être privée de droit de visite et d’hébergement. Le comble, je dois payer une pension alimentaire pour que le beau-père (époux du père défunt) de mon fils puisse élever mon enfant à ma place. C’est pourquoi je dois poursuivre mon combat en justice, ne serait-ce que pour que mon fils puisse connaître sa mère, et pour l’accueillir un jour chez moi. Or les frais que j’ai engagés sont colossaux : jusqu’à février 2025, j’ai dépensé 28 000 euros !
Mon petit garçon devrait avoir le droit de retrouver sa mère et sa famille maternelle. Si vous pouvez contribuer, je vous remercie de tout cœur pour votre soutien, qui aidera une mère et son fils à être enfin réunis, après une trop longue et injuste séparation.
NB 1 : A titre d'information, un petit florilège de ce que je peux entendre et subir :
NB 2 : notre histoire a fait l'objet d'une discussion lors d'une soirée organisée par la CIAMS (Coalition Internationale pour l'Abolition de la Maternité de Substitution). En voici la vidéo : https://youtu.be/6xFJlmliAzo?si=g2kM1a-3XkfIOlBQ
En voici le diaporama : https://www.instagram.com/p/DF98wGSNpRC/?img_index=1&igsh=MXA3c3UyanE5ZDd1bw==
Notre histoire a fait également l'objet d'un article dans "Le Figaro" : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/j-ai-voulu-preter-mon-corps-les-desillusions-d-une-mere-porteuse-privee-de-son-enfant-apres-une-gpa-altruiste-20250201
d'un article dans "Le Journal du Dimanche" : https://www.lejdd.fr/Societe/gpa-altruiste-le-piege-qui-brise-des-vies-155230
d'un article dans "Boulevard Voltaire" : https://www.bvoltaire.fr/temoignage-julie-mere-porteuse-en-france-privee-de-son-enfant/
d'un autre article dans "Boulevard Voltaire" : https://www.bvoltaire.fr/olivia-maurel-et-julie-une-gpa-dans-la-vraie-vie/
d'une tribune dans "Marianne" : https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/la-gpa-altruiste-deshumanise-la-mere-et-encourage-les-beneficiaires-a-se-croire-tout-permis
et dans "L'Humanité" : https://www.humanite.fr/en-debat/gestation-pour-autrui/la-gpa-est-elle-acceptable-dans-certaines-situations